Gaudi, tapas et (re)découvertes : un week-end à Barcelone
- J'irai où tu iras
- 15 oct. 2023
- 10 min de lecture

Avant de retrouver Inès à Washington dans une semaine, j’ai voulu revenir à Barcelone pour profiter des plaisirs de cette ville que j’affectionne particulièrement depuis mon premier passage en 2017.
Jeudi 12 octobre 2023 - 14h45 :

C’est dans l’aerobus qu’a débuté mon week-end dans la capitale de la Catalogne. Ce système de navettes régulières est très pratique, car il permet de rejoindre en près de 30 minutes le centre de Barcelone depuis l’aéroport, et inversement.

Je suis descendu à la Plaça d’Espanya, où j’ai d’abord découvert un monument surprenant me faisant penser au Campanile de Saint-Marc à Venise. Il s’agit des Torres Venecianes, de style vénitien, qui furent érigées en 1929 pour l’Exposition internationale.
En remontant ensuite une avenue, j’ai pu profiter de belles perspectives sur ces tours et sur l’impressionnant Palacio Nacional surplombant la montagne de Montjuïc, lui aussi construit pour l’Exposition internationale de 1929.
Pour se rapprocher de l’édifice, qui abrite le musée national d’art de Catalogne, il fallait gravir quelques marches sous un soleil de plomb. Heureusement, des escalators étaient disponibles pour faciliter la moitié du parcours. La vue depuis la terrasse du Palais se mérite, mais elle vaut le coup d’œil !

Autour du bâtiment, on peut arpenter différents parcs et jardins à la végétation luxuriante. Ils offrent de superbes points de vue sur Barcelone et ses monuments comme la Sagrada Familia, ainsi que sur la mer Méditerranée.
Après cette balade agréable du côté de Montjuïc, je me suis rendu au pied de la colonne Christophe Colomb, érigée en 1888 pour rendre hommage au célèbre explorateur. D’une hauteur de 60m, il est possible de la visiter pour profiter d’une vue privilégiée sur la Rambla et le port de Barcelone à proximité.

J’ai ensuite remonté l’emblématique et animée avenue de la Rambla.

En chemin sur cette artère très fréquentée et bordée de platanes, je suis passé devant le Palau Güell, une des premières réalisations de l’architecte Gaudi à Barcelone. J’aurai d'ailleurs l’occasion le lendemain de (re)découvrir ses plus belles créations en ville.

Puis, je me suis arrêté quelques instants au mémorial qui rend hommage aux victimes de l’attentat de la Rambla d’août 2017.

Il est situé à proximité d’une mosaïque de l’artiste Joan Miró et d’un bâtiment à la façade atypique.
En atteignant la Plaça de Catalunya - véritable centre névralgique - au bout de l’avenue, j’ai été attiré au loin par des bruits de fanfare. J'ai alors décidé de me rapprocher et de traverser la nuée de pigeons qui ont élu domicile sur la place.

J'ai réalisé à cet instant que nous célébrions aujourd’hui la fête nationale espagnole, aussi associée au « jour de l’hispanité » en Amérique du Sud. Et ce sont justement des danseurs sud américains qui ont défilé dans de superbes costumes, en danses et en musiques, le long de la place. C’était inattendu mais j’étais heureux de pouvoir m'immerger dans cette tradition endiablée !
Je me suis ensuite promené en fin d’après-midi dans les ruelles médiévales du Barri Gòtic, le plus vieux quartier de Barcelone. Ses places, ses palais et ses édifices religieux sont tous plus charmants les uns que les autres. On y trouve même des vestiges de l’époque romaine de « Barcino », avec par exemple des colonnes d’un ancien temple d’Auguste. Il y avait aussi de nombreux concerts de rue, ce qui a rendu la visite du quartier très agréable.
Dans l'ordre : Placa de Sant Jaume, Catedral de Barcelona, Pont del Bisbe, Placa de Sant Felip Neri, Placa Real, Temple d'Auguste, Placa del Rei
Après ces belles balades dans des quartiers de Barcelone que je ne connaissais pas à l’exception de la Rambla, je me suis dirigé vers mon hôtel, en descendant la promenade Lluís Companys. J’ai alors aperçu l’Arc de Triomf, construit pour l'Exposition universelle de 1888, et le début du Parc de la Ciutadella.
Mon check-in réalisé et mes affaires déposées, j’ai admiré un superbe coucher de soleil depuis l’incroyable rooftop panoramique du Motel One Barcelona-Ciutadella.
Dans l'ordre : Sommet de la fontaine du Parc de la Ciutadella, Sagrada Familia, Château des trois dragons
Afin de clôturer en beauté et en saveurs cette première journée à Barcelone, j’ai goûté à un concept de tapas unique, celui de Tino - esto no es una pizza. La rencontre salée ou sucrée entre la pizza (Italie) et l’empanada (Espagne) est très réussie. Les parfums sont variés. J’ai opté pour les « tinos » au porc et aux légumes, un autre au porc effiloché et à la sauce barbecue, un au poulet-pesto, et enfin un au nutella et à la fraise pour le dessert. Un régal !

Vendredi 13 octobre 2023 - 09h :
Direction ce matin la Sagrada Familia, monument emblématique de la capitale catalane, pour cette première étape de mon "marathon Gaudi" du jour. J'y avais réservé une visite guidée en français, ainsi qu'une visite des tours.

À mon arrivée sur place, j'ai été chanceux de pouvoir contempler l'imposante façade de la Nativité baignée d'une lumière orangée, le soleil s'étant levé il y a encore peu de temps. Elle raconte la naissance de la vie, et est ainsi orientée, selon le souhait de Gaudi, au soleil levant.

Façade de la Nativité, et ses nombreux symboles religieux et éléments de la nature au coeur du travail de Gaudi (animaux, cyprès et colombes symbolisant le lien entre la Terre et le Ciel...)
Si j'avais déjà visité l'intérieur de la basilique en 2017, j'ai pu, grâce à la guide, en apprendre beaucoup plus sur l'histoire de ce site dédié à la "sainte famille", ainsi que sur les polémiques qui l'entourent. La construction de la Sagrada Familia débute en 1882, il y a 141 ans, et est rapidement confiée à l'architecte Gaudi, qui va y consacrer 43 ans de sa vie, jusqu'à sa mort accidentelle en 1926. Seuls 10 à 15% de son projet d'église avaient alors été réalisés. La façade de la Nativité, où débute la visite, ainsi que la crypte où est enterré Gaudi, sont les seules parties de l'édifice achevées lors de son décès et classées à l'Unesco. C'est un élément à prendre en compte lorsque l'on visite le monument.
À l'intérieur, on traverse dans la nef ce qui a été pensé par Gaudi comme une impressionnante « forêt » de 56 piliers aux angles novateurs. Ils s'élancent vers le ciel et supportent des ramifications formant une canopée. L'importance de la nature, encore. Celle aussi du choix des matériaux, ainsi que des couleurs des vitraux, plus froides du côté du soleil levant, et plus chaudes pour le soleil couchant. Les rayons du soleil qui y filtrent confèrent une atmosphère magique et unique à ce lieu, variant selon l'heure de la journée. Ce spectacle est l'une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent.

Lorsque notre groupe est ressorti pour se rendre au pied de la façade de la Passion, notre guide nous a expliqué que la poursuite des travaux de la Sagrada Familia, véritable prouesse architecturale, fait l'objet de débats et de controverses. Depuis un siècle, les architectes se succèdent pour tenter de continuer l'oeuvre majeure de Gaudi, à l'aide des plans et maquettes d'origine de l'architecte. Toutefois, la majorité d'entre eux ont disparu dans l'incendie de son atelier lors de la guerre civile espagnole en 1936. Si des technologies architecturales de pointe sont mobilisées pour rester le plus fidèle possible à la pensée de Gaudi, les plans d'origine n'ont pas pu tous être reconstitués. Aussi, la façade de la Passion est très critiquée car des statues très éloignées du style de Gaudi (voir photo), y ont été installées. Cela fait dire à certains que la Sagrada Familia serait un "Disneyland fabriqué par ordinateur", ou encore "un mastodonte kitsch" éloigné de la vision de Gaudi bon à attirer une masse de touristes en utilisant son nom. Ce sont d'ailleurs les 3 à 5 millions de visiteurs annuels qui, en payant leur billet d'entrée, contribuent largement à financer les travaux, dont la fin est prévue en 2026, pour le centenaire de la mort de Gaudi.
À l'issue de la visite guidée, je suis monté dans les tours de la façade de la Nativité. J'ai pu y observer la ville en prenant de la hauteur et notamment son urbanisme particulier, avec une organisation des rues autour de petits îlots carrés.

La visite des tours de ce côté de l'édifice permet aussi d'apercevoir le sommet de la tour de la Vierge Marie, couronnée d'une étoile à 138 mètres. Elle est la deuxième tour la plus haute de la Sagrada Familia. La plus haute, dédiée à Jésus, culminera à 172,5 mètres en 2026, soit un demi mètre de moins que la montagne voisine de Montjuïc. C'est conforme au souhait de Gaudi pour qui rien n'y personne ne peut dépasser la nature, car elle est la création de Dieu. 4 tours dédiées aux évangiles ont été achevées il y a seulement quelques jours. La Sagrada Familia, certie de ses 18 tours, sera ainsi le monument le plus haut de Barcelone, et un lien entre le Ciel et la Terre, comme le voulait Gaudi.
Après cette magnifique visite (et la redescente de 400 marches), j'ai pique-niqué dans un parc voisin et savouré un délicieux sandwich au jambon ibérique, acheté chez Enrique Tomas, plus grande chaîne dédiée au jambon du monde.

Mon déjeuner terminé, je me suis rendu au Parc Güell, autre chef-d'oeuvre de Gaudi et de son art paysager. En 1900, l'architecte avait été engagé pour bâtir sur cette colline une ville miniature pour des gens aisés, dont deux maisons à l'entrée du parc en étaient le prototype. Les travaux furent cependant abandonnés en 1914. Dans cet espace à la végétation foisonnante classé à l'Unesco, on peut encore admirer le génie de l'art de Gaudi qui s'intègre à la nature. Le parc regorge de colonnades, de sculptures en céramiques (dont la célèbre fontaine salamandre), de voûtes et de superbes points de vue sur Barcelone.
La zone monumentale du parc est dominée par la "place de la nature", qui abrite le plus long banc ondulé au monde (110m). Conçue comme une agora antique, cette place aurait dû accueillir un marché, y compris dans la salle aux 86 colonnes qui la supportent, pensées elles aussi comme une forêt.
Dans tous ces espaces aux formes courbées et irrégulières, Gaudi a utilisé la technique du trencadis, dont il est le pionnier, grâce à des morceaux cassés et dépareillés de faïence ou de verre coloré. C'est ce qui rend l'ensemble du Parc Güell si remarquable, vivant et coloré.
Sur le chemin pour retourner en centre-ville, je me suis arrêté devant la riche façade couverte de céramiques colorées de la Casa Vicens, qui fut la première commande de Gaudi. Il a pu y déployer des techniques architecturales inventives qui furent sensation et boostèrent sa renommée.

La chaleur étant encore très forte en ce milieu d'après-midi, je me suis octroyé une pause fraîcheur nécessaire chez Funky Bikers Eatery. Au menu de ce délicieux goûter : citronnade maison à la lavande et glace au yaourt et à la framboise artisanale.

Il était ensuite temps pour moi de visiter une autre demeure conçue par Gaudi : la Casa Batlló. J'ai d'abord remarqué sa façade d'inspiration marine flanquée de balcons aux formes de mâchoires d'animaux, et ornée fragments de céramiques mauves, bleues et vertes. Elle est l'une des créations les plus extraordinaires de l'architecte.

On visite ensuite différentes pièces où l'on peut observer le travail de Gaudi sur le mobilier et la décoration, notamment dans le grand salon avec des évocations marines. J'ai regretté la présence trop importante à mon goût de touristes, qui pourrait être davantage régulée pour fluidifier la visite.
La visite de la Casa Batlló se poursuit dans un patio richement décoré de trencadis à l'arrière de la maison. Puis, elle nous emmène dans les combles, où l'on retrouve les arcs caténaires, déjà observés à la Sagrada Familia, et emblématiques de l'oeuvre de Gaudi.
Un peu plus haut, on atteint un toit terrasse couvert de cheminées aux tuiles vernissées multicolores, dont une évoque l'échine d'un dragon.
Avant de ressortir de cette demeure pas comme les autres, je me suis retrouvé "enfermé" (car je n'étais pas au courant de cette partie de la visite), avec d'autres visiteurs, dans un cube censé représenter l'esprit de Gaudi. Un show psychédélique de quelques minutes, imaginé par Refik Anadol, s'en est alors suivi avec des projections à toute vitesse d'écrits, de dessins, d'images, et de vidéos de l'univers de l'architecte. J'ai moins apprécié, car j'ai trouvé cela un peu kitsch et éloigné du sens de la visite.
J'ai clôturé ma journée 100% Gaudi par la visite d'une autre demeure emblématique de son oeuvre, située à quelques centaines de mètres de là, aussi sur le Passeig de Gràcia : la Casa Milà (La Pedrera). Toujours inspiré par la nature, l'architecte a imaginé la façade unique de la demeure comme une falaise ondulée, sculptée par les vagues et le vent.

À l'intérieur, on découvre comment pouvait vivre des bourgeois et leur personnel de maison au début du XXème siècle. Cette partie de la visite est à mon sens moins "impressionnante" que les pièces intérieures de la Casa Batlló.
J'ai davantage apprécié parcourir les combles de la Casa Milà, imaginés comme le squelette d'une baleine avec 270 arcs caténaires.
Mais c'est l'immense toit terrasse de la demeure qui est, dans tous les sens du terme, le point culminant de la visite. Les cheminées et arches qui s'y trouvent ont des formes très originales et rendent le lieu magique à la lueur du coucher du soleil. D'autant que la vue sur Barcelone y est à couper le souffle !
Après avoir redescendu les 8 étages de l'habitation (bien ressentis dans les jambes), je suis rentré à mon hôtel pour me reposer après cette journée intense de visites qui m'en ont littéralement fait voir de toutes les couleurs. Elles n'ont fait que renforcer mon attrait particulier pour l'art unique de Gaudi.
Pour reprendre quelques forces, je me suis régalé avec des empanadas au poulet et jambon-fromage de chez Mr. Dewalter, dont le restaurant est situé à quelques pas. Ils font partie des meilleurs empanadas que j'ai pu manger (je n'oublie bien sûr pas ceux de la grand-mère d'Inès !)
Samedi 14 octobre 2023 - 10h :
Après une intense journée de marche et de visites 100% Gaudi hier, j’ai fait le choix de passer une matinée plus tranquille à me promener. Une fois mon petit-déjeuner terminé et les clés de ma chambre rendues, je n’ai eu qu’à traverser un passage piéton pour me retrouver en plein cœur du poumon vert de Barcelone : le Parc de la Ciutadella.
On trouve notamment dans cet agréable espace vert une magnifique fontaine à laquelle Gaudi a contribué lorsqu'il était étudiant, ainsi que le Parlement de Catalogne.
Je me suis ensuite dirigé vers les plages de Barcelone, bordées par la mer Méditerranée. En traversant le front de mer, j’ai longé la Platja de la Barcelonata et la Platja de Sant Miquel, deux plages très populaires de la ville.
Un peu plus loin, j’ai arpenté une partie de port de Barcelone, qui abrite plusieurs sculptures d’art comme La Cara, réalisée par l’artiste américain Roy Lichtenstein. La balade offre aussi une belle perspective sur la colline de Montjuïc et la colonne Christophe Colomb.
Avant de quitter Barcelone, je ne pouvais pas manquer de retourner dans un lieu que j’avais beaucoup apprécié lors de mon premier passage 6 ans plus tôt : le Mercat de la Boqueria. Situé dans une halle aux abords de La Rambla, ce marché coloré et plein de saveurs est l’un des plus grands d’Espagne. Très fréquenté, il est aussi emblématique de l’histoire de Barcelone, car dès le XIIIème siècle, des marchants s'y réunissaient. On peut aujourd’hui y acheter et y manger de nombreux tapas qui ont tous l’air aussi appétissants les uns que les autres !
Pour clôturer ce superbe week-end de (re)découvertes comme il se doit, j’y ai acheté quelques victuailles et profité de délicieux jus de fruits frais que l'on trouve à tous les recoins du marché.
C’est dans les airs que s’est achevée cette parenthèse espagnole à Barcelone avant le grand départ pour Washington. J’ai déjà très envie d'y revenir quand la Sagrada Familia sera achevée en 2026, pour le centenaire de Gaudi…

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