Stars, Stripes et Souvenirs #18 - Sur les traces de la Guerre de Sécession à Richmond
- J'irai où tu iras
- 29 août 2024
- 6 min de lecture

C’est tôt en ce matin du samedi 25 août que je suis parti de la gare d’Union Station, à Washington, pour me rendre à Richmond, capitale de l’état voisin de Virginie. Je voulais visiter cette ville car elle a tenu une place centrale lors de la Guerre de Sécession américaine qui a opposé les états de l'Union à ceux de la Confédération entre 1861 et 1865. La journée allait donc être une occasion parfaite pour en apprendre davantage sur ce conflit qui a fait basculer l’histoire des États-Unis.
C’était la première fois que je prenais le train vers le sud Washington. En chemin, j’ai traversé des villes typiques de Virginie, comme Fredericksburg, des quartiers résidentiels aux charmantes demeures, ou encore des marinas bordant le Potomac. Le trajet, censé durer 2h30, a finalement été plus long que prévu, et m’a pris près de 4h en raison de problèmes d’aiguillage. Cela m’a obligé à réorganiser mes visites !
Je suis donc arrivé en fin de matinée à la belle gare de Main Street. J’ai alors tout de suite pris la direction de l’American Civil War Museum. Abrité sur le site des anciennes usines d’acier de Tredegar sur les rives de la James River qui traverse la ville, le musée a ouvert en 2019. J'ai trouvé que la réhabilitation de cet édifice historique, mêlant de l’architecture moderne à de la brique, était très réussie.
La visite du musée a débuté par un film de 13 minutes qui était une introduction à l’histoire de la Guerre de Sécession et de la place de Richmond dans ce conflit.
Entre 1861 et 1875, il a opposé les états du Nord (l'Union des États-Unis) aux états du Sud (la Confédération), principalement sur la question de l'esclavage et des droits des états. Le Sud, qui voulait préserver l'esclavage, a fait sécession après l'élection du président Abraham Lincoln, perçu comme une menace pour cette institution reconnue depuis la fondation du pays en 1776. La Confédération était dirigée par le président Jefferson Davis. Son armée était placée sous les ordres du général Robert E. Lee, dont la maison domine encore aujourd'hui le Cimetière national d’Arlington. La Guerre de Sécession a engendré environ 750 000 morts, faisant d’elle l’un des conflits les plus meurtriers de l'histoire du pays. Quelques jours après la victoire du Nord en 1865, Abraham Lincoln a été assassiné dans un théâtre de Washington par un sympathisant de la cause confédérée. L’Union a malgré tout été préservée et les états confédérés ont progressivement réintégré les États-Unis.
Les collections étaient très intéressantes. Organisées autour de chaque année du conflit, elles m’ont permis de me plonger dans le quotidien du conflit et dans chacune de ses batailles. De nombreuses questions méconnues y étaient ainsi abordées, comme la résistance, les prisons de guerre, ou les enjeux d’alimentation.
Le musée mettait aussi en lumière le difficile combat pour l’émancipation des esclaves durement acquis pendant et après la guerre. Si l’esclavage a été aboli en 1865, la lutte pour les droits civiques s’est poursuivie aux XIXème et au XXème siècles, et des discriminations persistent toujours. J’ai aussi pu en apprendre davantage sur les United States Colored Troops, des régiments de l’armée du Nord qui étaient composés de noirs libres, d’affranchis ou d’esclaves qui ont joué un rôle décisif dans la victoire de l’Union.
À l’étage, une exposition présentait la place de Richmond dans le conflit. Pendant la quasi totalité de la Guerre de Sécession, elle fut la capitale de la Confédération. C’est dans son Capitole que le président Davis travaillait. La ville était donc une cible stratégique pour les soldats de l’Union, qui ont tenté à plusieurs reprises pendant la guerre de la prendre. Ils y sont parvenus en avril 1865, lorsque le gouvernement et les soldats de la Confédération ont fuit la ville, qu’ils ont laissé en flamme derrière eux. Des écrits racontent par exemple que les usines d’acier de Tredegar, où se trouve l’actuel musée, furent incendiées. La prise de Richmond par les soldats l’Union a scellé le sort de la Confédération, qui a capitulé quelques jours plus tard.

Après cette visite passionnante, j’ai traversé une partie du T. Tyler Potterfield Memorial Bridge, qui a ouvert en 2016. Il offrait une belle vue dégagée sur la skyline de Richmond et les rapides de la James River. Au sol, on pouvait y lire de nombreuses citations de différents témoins clés des deux camps qui se sont affrontés lors de la Guerre de Sécession.
J’ai ensuite remonté une partie de la Canal Walk, un sentier qui longe les canaux historiques de la ville. C’était assez difficile de s’y retrouver, car il y avait de nombreux détours à emprunter et plusieurs passages fermés aux piétons. L’aménagement de cette promenade mériterait d’être repensé !
J’ai eu la belle surprise en chemin de tomber sur un impressionnant mur de street art. Il appartenait à une ancienne centrale hydroélectrique. Plusieurs peintures murales y sont régulièrement peintes depuis la création de cette galerie à ciel ouvert en 2012.

Juste en face, je suis allé récupérer quelques tacos réconfortants au poulet chez Casa del Barco, un restaurant situé dans une ancienne usine de tabac. J’ai pu les savourer au soleil, assis au bord du canal.
Avant de me rendre à la place du Capitole de Virginie, je me suis arrêté à Fountain Bookstore, une librairie indépendante pleine de charme.

Quelques minutes plus tard, je me suis retrouvé au pied du siège de la législature de Virginie, dont le bâtiment était d’un blanc immaculé. Il s’agissait de mon 4ème Capitole américain au compteur, après celui de l’état de l’état du Massachusetts il y a 4 ans (Boston), de l’état du Maryland l’année dernière (Annapolis), et bien sûr de Washington.

J’ai pu participer à une visite guidée gratuite de l’édifice, qui a été inauguré en 1988. La première partie de la visite se déroulait dans des espaces souterrains. On y trouvait au centre une statue de Thomas Jefferson, qui, avant de devenir président des États-Unis, a été un parlementaire emblématique de la colonie, puis de l’état de Virginie à la fin du XVIIIème siècle. Signataire et principal auteur de la Déclaration d’indépendance, Jefferson a également été l’architecte à l’origine des plans du Capitole de Virginie.
La visite, riche en détails et en anecdotes, s’est poursuivie au premier étage du bâtiment d’origine. Salle du vieux Sénat, salle Jefferson, rotonde, ou encore salles actuellement utilisées par le Sénat et la Chambre des délégués de Virginie… J’ai arpenté les plus beaux endroits de l’édifice, et j’en ai appris énormément sur les spécificités et l’histoire du régime politique de la Virginie, qui est l’un des plus anciens du pays. J’ai par exemple appris que pendant la Guerre de Sécession, le Capitole était aussi un des lieux de pouvoir de la Confédération.
En ressortant du Capitole, j’ai pu observer les nombreuses institutions du gouvernement de la Virginie qui entouraient le bâtiment, comme la maison du gouverneur, des bâtiments de l’exécutif, ou la Cour suprême de l’état. Un édifice a aussi attiré mon attention, celui de l’ancien Hôtel de Ville, dont certains aspects peuvent faire penser à une cathédrale.
Après ce tour aussi dense que passionnant, j’ai réalisé mon ultime visite de ma journée à Richmond, celle de la White House of the Confederacy. La « Maison Blanche de la Confédération » désigne le nom donné a posteriori à la demeure qui a accueilli le président des états confédérés Jefferson Davis et sa famille pendant la Guerre de Sécession. Après avoir longtemps été utilisée pour abriter une école publique, la maison a été réhabilitée en musée depuis la fin des années 1970. J’ai été cependant très surpris de découvrir que ce lieu historique était littéralement entouré de différents bâtiments de l’hôpital de Richmond, construit bien plus tard.
La visite guidée était elle aussi intéressante, et m’a permis d’en apprendre plus sur la vie du premier et unique président de la Confédération, ainsi que sur sa manière d’exercer le pouvoir pendant la guerre. Quelques jours après la prise de Richmond par les soldats de l’Union en avril 1865, le président Lincoln a visité cette demeure, alors désertée. Une semaine plus tard, il sera assassiné.
Pour conclure de la meilleure des manières cette journée riche en histoires, j’ai savouré une délicieuse limonade fraiche à IronClad, un café situé à deux pas de la gare de Main Street, dans une ancienne caserne de pompier. L’endroit était très charmant et le service y était parfait !
Il était ensuite temps pour moi de reprendre le train pour rentrer à Washington. J’ai bien apprécié ma plongée dans le temps à Richmond. J’ai beaucoup appris sur des aspects méconnus de la Guerre de Sécession. Si je n’ai pas trouvé de charme particulier au centre-ville, les différentes étapes de ma journée m’ont laissé un très bon souvenir !
























































































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