Marées, crêpes et granit rose : notre semaine en Bretagne
- J'irai où tu iras
- 28 août
- 12 min de lecture
Cela faisait 7 ans que nous n’étions plus revenus en famille dans notre « petit coin de paradis » de Bretagne. Entre 2012 et 2018, la Côte de Granit rose et la Côte des Ajoncs ont été le théâtre de nombreux souvenirs de vacances qui s’y déroulaient presque chaque année. Autant dire que l’envie et l’excitation d’y revenir étaient fortes ! J’avais aussi hâte de partager et faire découvrir à Inès ces lieux refuges qui ont apaisé et marqué mon adolescence. Venez revivre avec nous cette parenthèse bretonne, entre pauses gourmandes, balades sur la côte, et paysages à couper le souffle !

Lundi 18 août 2025 - 10h30
Inès et moi avions rejoint la veille au soir ma famille, qui logeait dans un gîte au jardin rempli d’hortensias situé à Penvénan, un village que nous apprécions.

Ce matin là, c’est vers le littoral de Plougrescrant que nous nous sommes dirigés pour notre première promenade tous ensemble. Un ciel « dramatique » nous a d’abord accueilli sur la plage de sable fin et de galets de Porz Hir.
Nous nous sommes alors retrouvés plongés dans un paysage lunaire aux accents de bout du monde. Les très impressionnants rochers de Plougrescrant ont été battus par les vents et les flots depuis plus de 600 millions d’années, jusqu’à former avec l’érosion un ensemble de gigantesques chaos granitiques.
En poursuivant notre chemin, nous avons atteint l’extrémité de la Pointe du Château, où les vagues viennent s’écraser contre des colosses de granit.
Le sentier s’enfonçait ensuite dans une végétation plus sauvage qui se mêlait à l’eau turquoise et à la roche. Les fougères regorgeaient de points de vue secrets sur le littoral.
Nous avons aussi pu voir des buissons de choux marins, indispensables au maintien des cordons de galets, et des buissons d’ajoncs à la couleur dorée, qui agissent eux aussi comme une barrière naturelle contre l’érosion. Une végétation aussi vulnérable qu’essentielle, qui est aujourd’hui préservée sur le littoral.
Puis, nous avons aperçu Castel Meur, la maison la plus célèbre de la région. Construite en 1861 sur une île et entre deux rochers, cette fascinante demeure traditionnelle bretonne est aujourd’hui une propriété privée qui confère au paysage des allures de carte postale.
À quelques mètres de là, le site du Gouffre de Plougrescrant nous est apparu. Cette vertigineuse faille entre deux rochers a été sculptée par les tempêtes et la houle pendant des millions d’années. Elle est une démonstration supplémentaire de l’immense force de la nature, que nous avons pu pleinement ressentir tout au long de notre balade.
Nous faisions face à la Côte des Ajoncs et à sa multitude d’îlots rocheux, de plages sauvages, de grèves, et de pointes déchiquetées. Ce contraste de couleurs entre la végétation, le granit, la mer et le ciel était exceptionnel à contempler. Le littoral de Plougrescrant n’est définitivement pas un lieu comme les autres.

Après avoir rebroussé chemin, nous nous sommes rendus en voiture à la plage de Pors Scaff, qui a été une belle découverte. On y a retrouvé des paysages très proches de ceux observés au nord de Plougrescrant, avec en prime un évocateur « Rocher des amoureux », rappelant deux personnes qui s’enlacent face à la mer.
L’après-midi, alors que le soleil est revenu, nous avons pris la direction de Perros-Guirec, station balnéaire emblématique de la Côte de Granit Rose. C’est du côté de la plage de Trestignel, et de son étendue de sable blanc aux accents sauvages, que nous avons démarré notre balade.

Elle est bordée à l’est par la Pointe du Château, qui offre de sublimes points de vue sur l’île Tomé, la baie, et l’archipel des 7 îles au loin.
Nous avons aussi pu admirer de magnifiques villas entourées d’hortensias. Elles rappellent les origines de ce quartier de Perros-Guirec qui s’est développé à partir de fin du XIXème siècle, lorsque que de riches bourgeois parisiens y ont fait bâtir leurs maisons de villégiature.

Nous nous sommes ensuite arrêtés au belvédère de Trestignel, qui offre une spectaculaire vue panoramique sur la plage et les îles environnantes. La commune y a fait installer en 2024 un panneau de signalisation historique tout juste restauré et datant des années 30.
Après cet arrêt photo, nous avons atteint la jolie plage de Trestraou, moins sauvage et beaucoup plus fréquentée.
Pour le goûter, nous avons savouré de délicieuses crêpes, accompagnées de cidre local, sur la terrasse avec vue mer de La Suite.

Avant de rentrer, nous nous sommes arrêtés dans la sympathique boutique de souvenirs et épicerie fine Le Homard Roz, qui se trouve face à la plage. On a été agréablement surpris d’y trouver un sac « J’irai où tu iras », mais aussi des créations amusantes avec des clins d’oeil à la Bretagne, comme un sac « Amour, gloire et beurre salé » ou une carte « Marche ou crêpe ». Nous y avons acheté avec Inès des rillettes de crabe, des gressins au sarrasin, ainsi que des cocottes chocolat-sarrasin.
Le soir, nous avons profité des plaisirs du marché estival semi-nocturne de Buguélès, organisé par le club de foot de Penvénan. Il regroupe, pendant de nombreux lundis soirs l’été, plusieurs exposants locaux. Assis à l’une des nombreuses tables de banquet disposées dans la rue, nous nous sommes régalés avec de savoureuses galettes-saucisses et leur compotée d’oignon, ainsi que quelques fruits rouges de Bretagne en dessert. Cette expérience authentique, portée par une ambiance chaleureuse et conviviale, nous a fait passer un très bon moment.
Mardi 19 août 2025 - 11h30
La météo a été plus capricieuse ce matin. Elle ne nous a cependant pas empêché de nous rendre du côté du port de Buguélès, à quelques kilomètres du centre-bourg de Penvénan.
Avec la marée basse, nous y avons croisé plusieurs adeptes de la pêche à pied, venus explorer un paysage quasi-lunaire. Nous avons pu admirer un pittoresque moulin à marée datant du XVème siècle, ainsi que de nombreux bateaux et îlots, parfois habités, qui étaient entourés de sable, de rochers et d’algues. Pour l’avoir aussi vu à marée haute lors de précédentes visites, le littoral de Buguélès peut avoir un tout autre visage ! Les marées ont toute leur importance ici.
Nous sommes retournés dans l’après-midi à Perros-Guirec, cette fois pour nous promener dans le centre-ville. Après un rapide passage à l’Office de tourisme, nous avons déambulé dans quelques boutiques. Nous avons acheté quelques souvenirs aux Galeries de Ker-iliz, croisé des pépites de déco chez NOX, et déniché de nouvelles trouvailles culinaires dans l’épicerie fine Kabanenn.
Nous avons ensuite pris le goûter dans un très agréable concept-store mêlant articles pour enfants et salon de thé, Suzy & Jackie. Nous nous sommes régalés en terrasse avec de délicieuses pâtisseries maison - fondant au chocolat, madeleine, tarte chocolat-poire-bergamotte, gâteau à l’abricot - et boissons - chai latte, latte à la violette, et jus de fruits bretons de la marque Recolt.

Nous avons prolongé les plaisirs le soir au moment du dîner en dégustant un superbe bar de ligne pêché le jour même et vendu par la poissonnerie La Marée du Jour de Penvénan.

Pour le dessert, nous avions organisé une dégustation à l’aveugle pour désigner notre far breton préféré. Il s’agit d’un gâteau typique de la cuisine bretonne, qui se rapproche d’un flan et qui est parfumé avec du rhum et des pruneaux. S’opposaient pour ce duel le gâteau de la Boulangerie d’Antan de Penvénan et celui de la boulangerie Ty Coz de Perros-Guirec. C’est ce dernier qui a été désigné vainqueur, d’une courte tête seulement, avec 3 votes contre 2 !

Mercredi 20 août 2025 - 12h30
La pluie nous a dissuadé ce matin d’aller nous promener sur la côte et nous avons donc préféré rester au chaud. Heureusement, pour le déjeuner, nous n’avions qu’à parcourir quelques mètres à pied depuis notre gîte pour atteindre L’Amer à Boire et à Manger. Cette crêperie authentique et traditionnelle proposait de nombreuses saveurs de galettes et de crêpes toutes aussi originales les unes que les autres, avec des noms inspirés de célèbres films.
Nous avons opté pour des galettes complètes, mais aussi la « Poisson Impossible » (poêlée de fenouil, purée de céleri, filet de lieu jaune et sauce au beurre blanc aux agrumes), la « Blette Runner » (blettes rôties à l’ail, chorizo snacké et en tapenade) et la « Dolce Aubergine » (caviar d’aubergine, tomates confites, oeuf et chèvre frais). Les portions étaient généreuses et très savoureuses, un véritable régal !
Rien de mieux ensuite qu’une bonne balade digestive pour poursuivre l’après-midi. C’est vers l’Île Grande, à l’ouest de Perros-Guirec, que nous avons mis le cap. S’il est possible de faire le tour de l’île en suivant une boucle de 7 km, nous nous sommes simplement promenés à l’est et au nord de l’île, qui sont selon nous ses plus belles sections.
Nous avons d’abord traversé les dunes et la plage de Toul Gwenn, qui étaient bordées d’une belle eau turquoise. Face à nous, nous pouvions observer l’Île d’Aval, dont on raconte qu’elle serait le lieu où repose le légendaire roi Arthur. Ce dernier a d’ailleurs donné son nom à l’une des rues du village de Pleumeur-Bodou, la commune à laquelle est rattachée l’île Grande.

Puis, nous avons remonté le sentier jusqu’à atteindre le nord de l’île, qui est encore plus sauvage. Nous avons alors commencé à apercevoir le rocher qui accompagnera une bonne partie de notre promenade, celui du "Corbeau". La légende dit qu’il serait une réincarnation du roi Arthur, transformé en corbeau par la fée Morgane pour lui permettre de survoler ses terres sans être reconnu.
Le paysage alternait entre allées de fougères, chaos granitiques, et plages de sable fin, comme celle de Porz Gwenn. Nous contemplions en parallèle, et sous tous ses angles, le rocher du Corbeau, battu au large par les vagues.
En chemin, nous avons croisé une statue représentant un tailleur de pierre, sculptée par l’artiste David Puech en 2011. Elle rend hommage à un pan important de l’histoire de l’Île Grande, qui a abrité de nombreuses carrières de granit bleu et gris entre le XIXème et le XXème siècles. Plusieurs centaines de « carriers » qui travaillaient à l’extraction de cette roche exigeante en bord de mer s’y sont succédés jusqu’à la fermeture des dernières carrières de l’île en 1989. Le granit était alors exporté aux quatre coins du pays. Les traces de certains sites d’extraction, comme celui de Castel Erek, sont encore visibles aujourd’hui.
Notre balade s’est terminée du côté de la station de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) de l’île. Autrefois atelier pour les tailleurs de pierre, le bâtiment abrite depuis 1984 les activités de la LPO. On y trouve aujourd’hui un centre de découverte des oiseaux marins, une unité mobile de soins pour les oiseaux en détresse, ainsi qu’un espace de convalescence pour les oiseaux blessés qui seront prochainement relâchés. La station est notamment spécialisée dans le soin des oiseaux mazoutés (victimes d’une marée noire). Quelques panneaux y présentent les différentes étapes du protocole de soin de ces oiseaux qui séjournent à la station en moyenne 25 jours, ainsi que les terribles conséquences des trois marées noires successives (1967, 1978 et 1980) qui ont frappé l’archipel des 7 îles, au large de Perros-Guirec.
J’ai beaucoup apprécié redécouvrir l’Île Grande, au-delà de la beauté de ses paysages sauvages, en en apprenant davantage sur ses légendes, son histoire, et le rôle crucial que joue la LPO dans la préservation des espèces d’oiseaux de la région, ainsi que pour la sensibilisation du public.
Jeudi 21 août 2025 - 10h
Ce matin, nous avons pris la direction du marché de Lannion, considéré comme le plus grand des Côtes d’Armor. Chaque jeudi, le centre historique de la commune se transforme en un véritable théâtre de couleurs, de parfums et de saveurs, avec plus de 250 commerçants. Entre les étals débordant d’artichauts, de cocos de Paimpol, de poissons fraîchement pêchés et l’odeur des galettes-saucisses et des crêpes, l’immersion bretonne était totale !
Nous nous sommes laissés tenter par quelques fruits et légumes, ainsi que des saucisses paysannes et du rôti cuit de porc de la Ferme de Kerléo-Bras. Nous avons aussi fait un détour par Brieuc, une biscuiterie-caramèlerie-confiturerie locale, où nous avons acheté quelques douceurs sucrées.
L’expérience du marché, c’est autant les produits que le cadre : le centre historique de Lannion est plein de charme avec ses façades à colombages du XVème et XVIème siècles. Elles rappellent l’âge d’or qu’a connu la ville au Moyen Âge.
Après l’animation des étals, Inès et moi sommes allés voir l’escalier de granit de Brélévenez. Ses 142 marches serpentent entre des maisons de pierre typiquement bretonnes et mène jusqu’à une église datant du XIIème siècle. Une légende locale raconte que des fées auraient bâti l’escalier en une seule nuit grâce à des pierres magiques, et qu’elles continueraient à protéger Lannion.

Nous avons quitté les terres et retrouvé la côte en fin de matinée du côté du charmant Port L’Épine et de la plage de Keriec du village de Trélevern. Nous nous sommes promenés sur le sable, à marée basse, et avons profité d’une superbe vue sur la baie de Perros-Guirec, sous le soleil !
L’après-midi, on a pris la route de Ploumanac’h pour arpenter une partie du sentier des douaniers et ses fameux « rochers insolites » de la Côte de Granit rose. Sous le soleil, le granit rose offrait toutes ses nuances, qui s’entremêlaient à celles de la mer et de la végétation. Nous nous sommes aussi amusés à croiser certaines roches à la forme unique : une bouteille, une citadelle, un lapin, un cœur creusé…
Ces paysages de carte postale sont le fruit d’une histoire géologique vieille de 300 millions d’années : à l’époque, d’immenses montagnes plus hautes que les Alpes dominaient la région. En profondeur, le magma a lentement refroidi, donnant naissance à ce granit rose, sculpté ensuite par le vent, la pluie et le sel au fil du temps.
Au milieu de ce décor, le phare de Mean Ruz (« pierre rouge ») se dresse face aux vagues et demeure un point de repère pour les marins. Le premier phare, construit en 1860, avait été détruit par l’armée allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Reconstruit en 1947, il continue depuis à veiller sur la côte.
Notre promenade s’est terminée à la plage de Saint-Guirec, avec le château de Costaérès, construit au XIXème siècle, qui se dessinait au loin sur une île. Lors de nos précédents passages sur le sentier des douaniers et sur cette plage - y compris en période estivale - les lieux demeuraient paisibles. Cependant, ils étaient bondés et surfréquentés aujourd’hui, et cette impression de surtourisme a rendu l’expérience différente et nous a laissé un sentiment mitigé, malgré la beauté des paysages.

Avant de rentrer, on a flâné dans une jolie boutique, Darna, qui propose de la jolie déco et des vêtements sympas. Toutes les terrasses étant bondées, nous n’avons pas pu nous arrêter pour prendre un verre ou savourer des crêpes.
Vendredi 22 août 2025 - 10h
La journée s’est ouverte sous un ciel éclatant. Grand soleil, bleu profond, et promesse de superbes couleurs étaient au rendez-vous pour notre dernière journée.
Le matin, nous avons pris la direction Port-Blanc, tout près de Penvénan. Ce petit port garde toujours le même charme paisible. La marée descendait doucement, laissant apparaître les rochers et les reflets de l’île aux Femmes et de l’île Saint-Gildas dans l’eau.
L’emblématique Rocher de la Sentinelle trônait fièrement, tandis que le Rocher du Voleur et d’autres formations granitiques ont ponctué notre balade.
Nous avons continué de nous promener jusqu’à la plage des Dunes Blanches, sous un soleil généreux. Port-Blanc reste un endroit à part, si authentique, charmant et apaisant.
L’après-midi, avant qu’Inès et moi ne reprenions notre train pour Paris, on a tous profité une dernière fois des paysages du littoral, cette fois du côté de Trégastel.
La presqu’île Renote fut notre point de départ. Entourée de chaos granitiques, elle offre une boucle de moins d’une heure, qui condense tout ce qui fait la magie de la Côte de Granit Rose : des points de vue spectaculaires sur le château de Costaérès, le phare de Mean Ruz qui se devine au loin, et d’innombrables roches aux formes insolites, comme celle du « Poisson Couché ».
Ici, l’ambiance était beaucoup plus calme que la veille à Ploumanac’h. Il y avait moins de monde, plus de sérénité, et des paysages tout aussi grandioses.
À la sortie de la balade, la roulotte Roulez Galettes !, installée au bord de la plage, attirait des gourmands. Crêpes préparées minute, esprit foodtruck breton : il était impossible pour nous de résister. Nous nous sommes alors installés face à la mer pour déguster nos dernières crêpes des vacances – caramel au beurre salé ou pâte à tartiner maison chocolat-noisette et coulis de framboise. Un vrai régal, dans un cadre idyllique !
On a ensuite poursuivi la promenade le long de la côte de Trégastel. La plage du Coz-Pors – dont le sable clair et la vue sur les fameux rochers du « Dé » et du « Tas de Crêpes » en font un lieu emblématique – nous a rappelé pourquoi on aime tant revenir ici. Plus loin, la plage de la Grève Blanche nous a accueillis avec ses eaux turquoise et cristallines. On n’a pas résisté à l’envie d’y tremper les pieds avant notre départ. C’était frustrant de ne pas pouvoir s’y attarder, mais magique malgré tout.
Cette journée a été une parfaite conclusion à nos vacances. La Côte de Granit rose et la Côte des Ajoncs nous ont encore émerveillés par leur beauté brute, entre chaos granitiques, criques lumineuses et redécouvertes gourmandes. Avec Inès, nous en sommes repartis avec l’envie déjà bien ancrée d’y revenir – pour prolonger ces balades et continuer de retomber amoureux de ce coin de Bretagne que nous aimons tant.
































































































































































































































































































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