Valladolid, Izamal et le Chichén Itzá : d'autres merveilles du Yucatán
- J'irai où tu iras
- 13 déc. 2023
- 8 min de lecture

Jeudi 7 décembre 2023 - 17h30 :
La nuit était déja tombée lorsque nous sommes arrivés au terminal de bus de Valladolid. Nous avons immédiatement pris un taxi pour nous rendre à l'Hotel Waye.
Pour le dîner, nous n'avions pas à aller bien loin, car nous avions choisi de manger au Mercado 41, situé au pied de notre hôtel. On a pu y manger de délicieuses spécialités dans un cadre en extérieur détendu, avec de la musique et un choix varié. Nous nous sommes régalés avec différentes sortes de tacos et des marquesitas. Il s'agit d'un dessert populaire du Yucatán, consommé généralement dans la rue, qui s'apparente à une crêpe ayant la texture et le goût d'un fin cornet de glace.
Vendredi 8 décembre 2023 - 7h :
Nous nous sommes réveillés tôt ce matin pour ne pas rater notre dernière excursion du voyage, et pas des moindres : une journée entre le Chichén Itzá, le cenote Yokdzonot et Izamal. C'est José, notre guide de l'agence MexiGo Tours, qui est venu nous récupérer à notre hôtel après le petit-déjeuner. Nous étions accompagnés d'un touriste mexicain et de deux touristes irlandais.
Après 45 minutes de route, nous avons atteint l'entrée du Chichén Itzá. Il s'agissait déjà de notre troisième merveille du monde moderne visitée ensemble avec Inès (après le Colisée à Rome en 2020 et le Taj Mahal en Inde il y a un an). Même si nous étions sur place dès l'ouverture du site, il y avait déjà plus de monde que lorsque nous avions visité les ruines d'Uxmal. Quelques minutes de marche ont suffit pour nous retrouver face à l'emblême des lieux, identifiable dans le monde entier : la Pyramide de Kukulcán. Il d'agit d'un temple de 24m de haut construit en plusieurs étapes, au dessus d'un cenote, entre 550 et 1300. La pyramide est dédiée au dieu serpent à plumes Kukulcán, considéré comme suprême par les mayas. Jusqu'en 2008, il était possible de grimper les escaliers de la pyramide.

José nous a ensuite raconté les légendes, l'histoire et les mystères de la "cité des sorciers de l'eau" en langue maya, classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988. Les ruines, fondées au Vème siècle, mêlent le style Puuc, présent à Uxmal, avec le style toltèque, plus récent. Ce mélange s'expliquerait par la venue, sur le territoire des Itzá, de populations du centre du Mexique au Xème siècle. Les toltèques auraient alors élevé la cité au rang de principal centre religieux et politique de la péninsule du Yucatán.
On y trouve plusieurs cenotes, dont le cenote sacré, qui étaient vitaux pour l'accès à l'eau des habitants. Ces derniers maîtrisaient l'astronomie avec une impressionnante précision pour l'époque. Ils retranscrivaient leurs connaissances dans le positionnement, la taille et l'orientation de leurs constructions. La cité de Chichén Itzá a finalement été progressivement abandonnée à partir du XIIIème siècle, pour des raisons encore floues. Cela fait partie des nombreux mystères qui entourent la chronologie de ces ruines, ainsi que les liens entre les mayas et les populations du centre du Mexique.
Nous avons apprécié la visite des lieux, mais nous avons préféré la sérénité des ruines d'Uxmal, que l'on a aussi trouvé plus impressionnantes. Il y avait moins de touristes et pas de vendeurs ambulants que l'on comptait par dizaines au pied des ruines (!) comme ici. Ils étaient d'ailleurs nombreux à imiter le bruit du jaguar pour attirer les visiteurs, ce qui était un peu désagréable à la longue. C'est à notre sens une dérive de la forte attractivité touristique du site. Chichén Itzá est en effet aujourd'hui le deuxième site touristique du pays, visité par jusqu'à 8 000 touristes par jour. Le projet de ligne de "train maya" reliant les principales destinations du Quintana Roo et du Yucatán, dont une gare est prévue au Chichén Itzá, devrait encore attirer plus de touristes. Sa mise en service progressive doit débuter dans les prochains jours.

Après avoir quitté le site, il nous a fallu seulement 20 minutes de voiture pour arriver au Cenote Yokdzonot. Nous étions privilégiés car il était très peu fréquenté. Une fois équipés, nous avons pu profiter d'un moment de détente et de baignade dans ce lieu naturel sublime, typique de la région. Les gilets de sauvetage étaient obligatoires, car on ne le dirait pas, mais la profondeur de l'eau pouvait atteindre 65m !
Ce fut aussi l'occasion d'en apprendre plus sur cet écosystème unique. Alors que la péninsule du Yucatán souffre en surface d'un déficit chronique d'eau douce, elle possède paradoxalement le plus important réseau de grottes aquatiques souterraines du monde. Il y en aurait près de 10 000. Certains cenotes sont connectés avec la mer. Leur origine remonterait à la chute au nord de Mérida, il y a 65 millions d'années, de la météorite qui a conduit à l'extinction des dinosaures. Les cenotes ont été au coeur des coutumes spirituelles et funéraires mayas et des activités agricoles locales depuis des siècles. La plupart d'entre eux ont vu leur accès être privatisé.
Nous avons ensuite pu savourer un délicieux repas préparé par une communauté de descendants mayas, à qui ce cenote appartient. Au menu : soupe de citron et poulet en entrée, agua de Jamaica et poc chuc aux haricots (plat traditionnel au porc grillé du Yucatán).
Après le déjeuner, nous avons repris la route pour Izamal, dernière étape de cette magnifique excursion. Comme Bacalar et Valladolid, elle est considérée comme un "pueblo magico" ("village magique"). Il s'agit d'une distinction nationale descernée aux communautés emblématiques de l'identité du pays et à l'importance culturelle, historique ou architecturale très forte. Le village était très animé et fréquenté aujourd'hui, car les locaux célébraient la fête de l'Immaculée Conception en ce 8 décembre. Cela a amené beaucoup de vie à notre visite des lieux !
Notre promenade a débuté par l'escalade de l'ancienne pyramide maya de Kinich Kakmó, dédiée au dieu du soleil. Ses dimensions sont impressionnantes : 200m de longueur, 180m de largeur et 34m de haut. Elle fut construite entre le Vème et le VIIème siècles.

Il y avait pas mal de grimpette, mais la vue au sommet en valait le coup ! On pouvait voir la jungle s'étendre à perte de vue autour de nous, ainsi que le couvent qui domine le centre de la ville. La descente était elle plus périlleuse, mais c'était une expérience amusante à vivre.
En redescendant, nous nous sommes approchés de la place principale de la ville. José nous a fait goûter à la glace au maïs de la Paleteria Y Neveria Gaby. Le goût était plutôt surpenant mais pas mauvais du tout ! En tortillas, en purée, en pain, en glace, salé ou sucré... Le maïs est l'aliment principal de la cuisine locale, et ce depuis l'époque des mayas.

Nous avons ensuite fait un arrêt au musée de l'artisanat et dans la boutique Taller Maya, qui vendait de superbes objets issus de l'artisanat local.

Puis, on s'est rendu dans l'enceinte du magnifique couvent Saint Antoine de Padoue. Ses murs sont recouverts d'une couleur ocre qui confère à Izamal tout son charme et le surnom de "ville jaune". Ce jaune, sublimé par le coucher du soleil, est présent partout dans le centre. Le couvent est l'édifice majeur de la ville, fondée par les conquistadors espagnols au XVIème siècle. Contrairement à Mérida ou à Valladolid, ils n'ont pas rasé les deux immenses pyramides mayas qui étaient présentes sur les lieux. Ils se sont contentés d'édifier ce couvent, dont l'atrium est l'un des plus grands du monde après celui du Vatican. Certaines pierres de la cité maya d'origine furent réutilisées pour bâtir les habitations et églises d'Izamal.
José nous a ensuite laissé quelques minutes de temps libre où nous avons pu déambuler dans les rues colorées de la ville. Nous avons adoré cette escale à Izamal, qui est une ville authentique et pleine de couleurs !
Nous sommes ensuite rentrés à Valladolid. Le trajet du retour s'est déroulé à la nuit tombée, le long d'une route déserte et entourée d'une jungle semblant infinie. Il ne valait mieux pas tomber en panne ! Cette excursion intense nous a permis de voir trois lieux très différents, mais tous aussi extraordinaires les uns que les autres. On l'a beaucoup apprécié.
Pour le dîner, nous sommes retournés au Mercado 41, où nous avons goûté à d'autres variétés de tacos et où nous avons recommandé des marquesitas, notre dessert coup de coeur du séjour.
La journée s'est clôturée par un beau spectacle son et lumière, projeté sur le couvent San Bernardino de Siena, retraçant l'histoire tumultueuse de Valladolid de sa fondation à nos jours.
Samedi 9 décembre 2023 - 12h :
Après avoir libéré notre chambre, nous avons débuté notre tour du centre historique de Valladolid. Elle a été fondée en 1543 par les conquistadors espagnols, au prix de la destruction de la cité maya de Zaci. La ville fut le théâtre de plusieurs rébellions entre les mayas et les espagnols pendant la guerre des castes et la révolution mexicaine, comme le narrait le spectacle son et lumière de la veille.
Comme à Mérida, mais ici à plus petite échelle, on a traversé de nombreuses rues aux maisons carrées colorées.
Nous avons ensuite atteints le Parque Principal Francisco Cantón Rosado, centre névralgique de la ville, et l'Iglesia de San Servacio. Nous pouvions encore y trouver les chaises blanches qui se font face ("causeuses"), inventées par les français sous le règne de Louis XIV.
Un peu plus loin, nous avons pu voir le cenote Zaci, situé en plein centre-ville.

Nous avons poursuivi notre chemin jusqu'au Mercado municipal, pour y observer la vie locale et retrouver les aliments que nous avions pu goûter pendant notre séjour. Nous étions les seuls touristes à arpenter ses allées animées.
Dans l'ordre : "avocats géants" du Yucatán, jicamas, piments Habanero, manioc (ou "yuca"), piments séchés, courges locales, huiles et sauces (très) épicées, papayes, sachets d'épices
Avant d'aller manger, nous sommes passés par le joli Parque Candelaria.
Pour le déjeuner, nous avons opté pour Burrito Amor, où nous avons pu savourer de délicieux burritos au poisson ou aux crevettes, dans une arrière-cour agréable, même s'il faisait très chaud. On y a acheté nos derniers souvenirs dans la petite boutique située à l'intérieur du restaurant.
Nous avons ensuite descendu la plus belle rue colorée de Valladolid : la Calzada de los Frailes.

Elle débouche sur le superbe couvent San Bernardino de Siena, aperçu la veille de nuit. Après celui d'Izamal, il est l'un des plus grands couvents de la région. Il était utilisé autrefois par les colons pour convertir les mayas au catholicisme. C'est un exemple emblématique de l'architecture coloniale espagnole.

Après ces quelques heures de balade dans les plus beaux recoins de Valladolid, nous sommes allés récupérer nos affaires à l'hôtel, pour ensuite prendre la direction de Cancun, où notre vol retour pour Washington nous attendait (déjà...) le lendemain.
Il a été très facile de nous déplacer tout au long de notre séjour avec les bus de la compagnie ADO, toujours ponctuels et globalement bien affichés dans les terminaux. Nous avions juste moins apprécié la diffusion sans discontinuer de films, parfois étranges, pendant chaque trajet.
Notre voyage au Mexique, initialement prévu il y a 4 ans, mais annulé en raison du Covid, a tenu toutes ses promesses. Nous y avons vécu des moments inoubliables et en repartons avec de superbes souvenirs. Nous avons très envie de retourner dans la région pour explorer d'autres endroits comme Isla Holbox, Rio Celestún, ou le reste de la réserve de Sian Ka'an. Nous voulons aussi nous rendre à Mexico City et ses alentours pour nous immerger dans les traditions de la fête des morts mexicaine. Le Mexique étant si proche de nous, nous comptons bien y revenir d'ici notre départ des États-Unis !

Au début de notre premier vol retour, nous avons pu admirer pour la dernière fois du voyage les eaux turquoises et paisibles de la mer des Caraïbes. Nous ne savions pas encore à ce moment là toutes les turbulences et péripéties que nous allions traverser pour rentrer !
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